Le savon, ce produit si familier à nous tous, possède une histoire fascinante qui remonte à des milliers d’années. Longtemps avant que l’on n’invente l’écriture, on ne connaissait que le récit oral pour faire passer cet apparent savoir caché qui, m’est avis, n’était rien de moins que secret. Le secret du soin des corps, des mains, des âmes.
En Égypte, (avant notre ère, bien sûr), la beauté et la propreté étaient des faits si essentiels qu’on les retrouvait en toutes circonstances, que ce soit dans la vie quotidienne ou dans les rites funéraires. On aurait donc pu croire qu’on aurait, à tout jamais, l’image d’Égyptiens un peu ringards la tête pleine de cendres. Pourtant, la combinaison du natron, des cendres et de l’argile que les Égyptiens utilisaient pour se laver et se purifier avant d’aller à des feux de joie ressemble assez à notre savon. Autant essayer de trouver un ancêtre au déodorant.
L’histoire du savon
Le savon, élément essentiel du quotidien moderne, possède une histoire ancienne qui remonte à plusieurs millénaires. Ses premières formes rudimentaires témoignent d’une évolution continue, influencée par les ressources naturelles et les besoins culturels des civilisations.
Les premières traces sous l’Antiquité
Les premières traces du savon nous viennent de Mésopotamie. Là, les habitants de Babylone avaient atteint, vers 2800 avant notre ère, une connaissance suffisante pour laisser des inscriptions dans de l’argile qui auraient permis de comprendre la confection d’un produit à base de graisses animales et de cendres végétales. En Égypte, quelques siècles plus tard, le produit que nous pourrions appeler savon était décrit dans des papyrus comme un mélange d’huiles et de sels alcalins. Ses auteurs l’ordonnaient pour des soins corporels et pour le traitement de certaines maladies de la peau.
L’évolution du savon primitif
Au fil des siècles, la base du savon fabriqué à partir de graisses animales a été adoptée par d’autres cultures. Les Grecs anciens utilisaient un mélange de cendres, d’argile et parfois de sable, qu’ils retiraient à l’aide d’un strigile après l’avoir appliqué sur une peau enduite d’huile. Les Romains, célèbres pour leurs thermes, accordaient une grande importance à l’hygiène quotidienne, bien qu’ils privilégiaient les bains à l’utilisation de savon. Pour compléter, les Gaulois développèrent une pâte savonneuse nommée sapo, utilisée autant pour l’entretien du corps que pour la coloration des cheveux, une pratique notable de leur culture.
L’essor de la puissance au cours du Moyen Âge
Le Moyen Âge marque une étape cruciale dans l’évolution de la fabrication et de l’utilisation du savon. Alors que les premiers savons étaient essentiellement utilitaires, cette époque voit l’émergence d’une production plus organisée, influencée par les avancées techniques et les besoins croissants d’hygiène en Europe.
L’invention du savon moderne
Depuis le VIIe siècle, les artisans savonniers des civilisations arabo-musulmanes développent les processus de fabrication du savon et perfectionnent les recettes. Ils expérimentent et mettent en pratique l’utilisation de l’huile d’olive, un ingrédient qui, avec le temps, va remplacer progressivement l’utilisation de toutes les graisses animales. Ces nouveaux savoirs et savoir-faire sont ensuite transmis aux Européens par l’intermédiaire des croisades. Ils vont poser les bases du savon tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Le rôle de Marseille dans la production
Au XIIe siècle, on ne peut plus douter que Marseille est un des centres de la production de savon en Europe. Le climat de la ville et la région sont d’une telle favorabilité à l’oléiculture que tout en assurant un approvisionnement en huile d’olive dans des conditions quasi-exclusives, les terres marseillaises permettent d’atteindre une qualité d’huile d’olive sans égale. Cet avantage n’est cependant pas la seule raison qui fait de Marseille, à une époque où aucune législation n’existe pour définir le savon, un lieu où on peut trouver un produit à la fois pur, efficace et à la texture agréable, qui est très largement désigné sous le nom de « savon de Marseille ».
L’industrialisation et ses effets.
L’industrialisation au XIXᵉ siècle a marqué une transformation profonde dans la production du savon, tant sur le plan des méthodes que des usages. Ce tournant a entraîné une standardisation des techniques et a permis de répondre à une demande croissante, favorisée par les évolutions sociétales et les progrès en hygiène.
La saponification modernisée
Dès la seconde moitié du XIXᵉ siècle, des innovations techniques ont transformé le processus de saponification, traditionnellement artisanal. L’introduction de la saponification à haute pression, avec une température atteignant 130 °C, a considérablement accéléré la production. On utilisait une lessive de soude diluée à 7 % mélangée à un corps gras fondu, facilitant la séparation du savon et du glycérol grâce à une solution saline. Ce procédé amélioré offrait une meilleure homogénéité et une compacité accrue du produit final, notamment par l’ajout d’huiles diverses comme celles de lin, de sésame ou d’arachide. Avec ces avancées, certaines étapes artisanales, comme la sédimentation intermédiaire, furent supprimées au profit d’une coulée rapide du savon sous forme liquide dans des bassins peu profonds.
Les changements dans l’usage du savon
L’usage du savon s’est accru à partir du XIXe siècle, surtout grâce à l’hygiène naissante. On utilisent des savons au goût bien particulier qui ne font pas trop « cuisine » (pas d’odeur d’huile d’olive par exemple !) et qui ont la forme de barres amples et oblongues. L’impression de luxe, le plaisir d’effleurer un savon à la bonne odeur et à la texture satinée, d’une forme qui formerait un « huit » sous la main… Le savon « tous corps gras » à la bonne texture respecte ainsi, dans ses parfums et apparences, tous les commandements de la savonnerie moderne, tant sur le plan esthétique que gustatif.
Le retour aux sources
Au fil du temps, le savon a connu une transformation significative, s’éloignant parfois de ses origines simples et naturelles. On observe aujourd’hui un regain d’intérêt pour les pratiques artisanales et des ingrédients respectueux de l’environnement et de la santé.
Le savon artisanal et naturel
La fabrication d’un savon fait main repose sur un procédé vieux comme le monde, généralement la saponification à froid, qui permet de conserver précieusement les propriétés des ingrédients. On lui préfère des huiles comme l’huile d’olive ou l’huile de baies de laurier, l’on évite d’y faire couler tout un tas de produits chimiques. Ces savons faits à la main et sans parfum ni colorant de synthèse sont à même, je ne saurais m’empêcher de le souligner, d’hydrater la peau comme jamais. Non seulement cela, mais ces savons, en qui l’on pourra identifier des milliers de produits naturels, respecteront l’équilibre fragile de ce qu’il est convenu d’appeler la flore cutanée.
L’éveil des préoccupations écologiques
L’impact environnemental des produits du quotidien, y compris le savon, sensibilise en plus de consommateurs. Privilégier un savon naturel issu de l’agriculture biologique et fabriqué avec des ingrédients biodégradables réduit la pollution liée à des tensioactifs de synthèse. Les artisans optent pour des emballages minimalistes et recyclables, alignés avec les préoccupations écologiques actuelles. Ces produits durables, souvent certifiés comme Cosmos Organic, répondent aux attentes d’un usage éthique et engagé, tout en offrant une alternative aux nettoyants industriels.
Foire Aux Questions
Quand le savon a-t-il été utilisé pour la première fois ?
Les premières traces d’utilisation du savon remontent à environ 2800 avant J.-C. en Mésopotamie, où des jarres en argile contenaient un mélange de graisses animales et de cendres végétales.
Pourquoi le savon était-il important dans l’Égypte antique ?
En Égypte antique, les Égyptiens utilisaient des substances comme le natron et des mélanges à base de cendres pour se nettoyer, traiter les affections cutanées et maintenir une bonne hygiène corporelle.
Quel rôle ont joué les Arabes dans l’évolution du savon ?
À partir du VIIᵉ siècle, les maîtres savonniers arabes ont perfectionné la fabrication du savon, remplaçant les graisses animales par l’huile d’olive, établissant les bases du savon moderne.
Pourquoi Marseille est-elle célèbre dans l’histoire du savon ?
Dès le XIIᵉ siècle, Marseille devient un centre majeur de production de savon, établissant des standards de qualité pour le célèbre savon de Marseille, connu pour sa pureté et son efficacité.
Comment l’industrialisation a-t-elle transformé la fabrication du savon ?
Au XIXᵉ siècle, l’industrialisation a permis de standardiser la production du savon, d’accélérer les processus grâce à la saponification modernisée et de répondre à la demande croissante.
En quoi les savons modernes diffèrent-ils des anciens ?
Les savons modernes intègrent des graisses végétales et d’autres huiles, certains enrichis à la glycérine pour la peau, tout en rivalisant avec les agents tensioactifs synthétiques.
Qu’est-ce que le savon artisanal ?
Le savon artisanal est fabriqué par saponification à froid, utilisant des ingrédients naturels comme l’huile d’olive, sans produits chimiques, tout en préservant leurs propriétés.
Pourquoi choisir un savon écologique ?
Les savons écologiques sont biodégradables, fabriqués avec des ingrédients issus de l’agriculture biologique et souvent emballés dans des matériaux recyclables, répondant à des critères éthiques et environnementaux.