Bonjour à tous,
Aujourd’hui, on va parler réglementation cosmétique et savonnier de garage.
Pour ceux qui ne me connaissent pas encore laissez moi me présenter : Je suis Jérôme PATTE (d’où le nom de la marque, et ouais 
) artisan savonnier formé à Limoges chez Nature & Limousin. Formation complète “Ouvrir sa Savonnerie” qui comprend 4 modules : savon solide, liquide, gestion d’un établissement cosmétique et réglementation cosmétique.
Fabriquer des savons, shampoings ou cosmétiques, ça n’est pas forcément compliqué quand on connaît les différentes étapes de réalisation. Mais entre savoir le faire et pouvoir le vendre, il y a un monde.
La démocratisation de la cosmétique bio et naturelle mais surtout le DIY fait oublier à beaucoup que la vente de cosmétiques est régie par un règlement très strict. Vous ne pouvez pas faire de savon dans votre garage, votre cabanon de jardin ou votre cuisine et décider de le vendre ensuite. C’est bien plus complexe que cela. Déjà, un atelier de savonnerie doit être un local aux normes, et les savons doivent sécher et être entreposés dans des conditions d’hygiène optimales.
Aussi, n’oubliez pas qu’un savon sera directement au contact de votre peau, il est donc normal qu’il respecte une réglementation stricte qui vous sécurise et vous garantit des produits de qualité. Je souhaite vous expliquer cela car je vois souvent des amateurs vendre leur production, sans respecter ces normes essentielles. Mais je vois aussi beaucoup de professionnels qui indiquent avoir appris la saponification par un stage dans tel ou tel pays, auprès d’une connaissance… De la même manière qu’avoir participé à un atelier de saponification d’une journée ne vous apprendra jamais les règles et les lois, ces savonniers ne sont souvent pas formés aux réglementations cosmétiques fondamentales. Par exemple, je suis sûr que vous ne doutez pas du nombre d’allégations que l’on a pas le droit d’écrire sur une étiquette ?! Sauf en payant des tests ou des labels très onéreux, nous ne pouvons pas inscrire “vegan”, “savon bébé”, “peau acnéique” etc directement sur nos produits.
En bref, des parents chimistes ou un stage avec Cousin Machin qui fait son savon pour lui depuis dix ans ne transmettent pas la législation nécessaire pour vendre. 
Pour ceux qui ont le courage, je vais rentrer un peu plus dans les détails (et pour les autres rendez-vous aux derniers paragraphes)
Avant de mettre un produit sur le marché européen, il faut s’adapter au règlement CE 1223/2009. Il oblige tout fabricant à constituer un DIP (Dossier Information Produit) et le faire valider par un toxicologue (chez nous Docteur en Pharmacie). Il doit également se plier aux BPF (Bonnes Pratiques de Fabrication) et posséder un laboratoire aux normes comme le stipule la norme ISO 22716. Il doit d’ailleurs déclarer son espace de fabrication auprès de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) avec un plan détaillé. Puis, il faut notifier ses produits sur le CPNP (Cosmetic Products Notification Portal). Nous devons évidemment fournir à notre toxicologue un tas de documents en plus du DIP : fiches de sécurité, bulletins d’analyses etc… Nous sommes également tenus de respecter des seuils qu’il ne faut pas dépasser (Ex : le pourcentage d’huiles essentielles via le 49e amendement de l’IFRA). Et ensuite nous sommes enfin responsables de la mise sur le marché de nos produits.
Si vous n’êtes pas fabricant mais revendeur et que vous pensez que ça n’est pas de votre ressort. Détrompez-vous ! Je dirais même heureusement que c’est le cas. L’article 6 du CE 1223/2009 stipule que :
“Dans le cadre de leurs activités, lorsqu’ils mettent un produit cosmétique à disposition sur le marché, les distributeurs agissent avec la diligence requise en ce qui concerne les exigences applicables.
Avant de mettre un produit cosmétique à disposition sur le marché, les distributeurs vérifient que :
- l’étiquetage mentionne les informations prévues à l’article 19 […]
- les exigences linguistiques prévues à l’article 19, paragraphe 5, sont respectées,
- la date de durabilité minimale spécifiée, le cas échéant, conformément à l’article 19, paragraphe 1, n’est pas dépassée.
Lorsque les distributeurs estiment ou ont des raisons de croire :
- qu’un produit cosmétique n’est pas en conformité avec les exigences prévues par le présent règlement, ils ne peuvent mettre ce produit à disposition sur le marché qu’après sa mise en conformité avec les exigences applicables
- qu’un produit cosmétique qu’ils ont mis à disposition sur le marché n’est pas conforme au présent règlement, ils s’assurent que les mesures correctives nécessaires sont prises pour mettre ce produit en conformité, le retirer ou le rappeler, selon le cas.”
Faire de la cosmétique naturelle c’est super cool, j’adore ça mais on ne fait pas ce qu’on veut quand on veut.
Alors quand certains investissent dans une formation pour être aux normes, dans un laboratoire qui respecte les BPF, dans de la communication sans allégations, ça fait un peu de mal de voir passer des choses peu réglementaire. Beaucoup ouvrent leur savonnerie sans même avoir suivi au minimum un module de réglementation cosmétique et souvent on voit passer des trucs qui piquent les yeux. 
Donc chers clients, n’hésitez pas à vous renseigner sur ce que vous achetez auprès de ceux qui fabriquent vos produits cosmétiques. Comme partout, faites attention aux stratégies commerciales. Une jolie communication peut réserver le meilleur comme le pire. Une question pour savoir à qui on a à faire ne fait jamais de mal, vos savonniers devraient même être ravis de vous répondre.
Vous l’aurez compris, Les Savons Sur Patte aime bien faire les choses. C’est en règle même si ça n’est pas toujours marrant et que c’est contraignant mais on le fait surtout pour assurer votre santé et sécurité. Et aussi parce qu’on aime notre travail
Pour ma part, j’ai appris tout ça chez Nature & Limousin et je les remercie grandement d’avoir enrichi mes compétences et mon savoir en partageant les leurs. 
Les Savons Sur Patte, car nous savons faire autrement !
